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Le 170e régiment d'infanterie
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Le 170e régiment d'infanterie
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2 mars 2015

* Mai 68

          Comme le temps passe c'était… il y a déjà longtemps, en juin 1968 que nous devions fêter notre libération, nous autres les libérables de la deuxième section de la première compagnie classe 67 1/b avec pour commandant de Cie le capitaine Debonet et le secrétaire de l'association Gaston Philippe qui était notre chef comptable. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En ce "joli" mois de mai nous étions en alerte depuis un certain temps, prêts à partir pour Paris d'une l'heure à l'autre, les paquetages étaient sur les armoires, les armes nous attendaient au râtelier du magasin. Seules les baïonnettes et les toiles de camouflage de nos casques que nous avions enlevés sur ordre devaient rester à Golbey. Nous n'étions pas seuls dans ce cas là, les six compagnies de combat, la compagnie d'appui de Rambervillers et même la C.C.S. (la compagnie stylo pour nous autres des cies de combat), tout le monde attendait l'ordre. Les permissions supprimées, pas de journaux, le foyer désert car il n'y avait plus de courrier donc plus de mandats et ce n'est pas avec la solde de première classe que nous pouvions nous payer une bière ainsi que les cigarettes qui nous changeaient agréablement des troupes. Pour compenser les officiers du régiment décidèrent, exceptionnellement, d'octroyer un prêt à ceux qui le désiraient. Comme notre compagnie était de grande semaine nous faisions avec l'unique et vieux Simca le ramassage des ordures ménagères à Epinal. Ce véhicule n'était vraiment pas adapté à cet usage et nous étions trois dans la caisse à "patauger" dans les immondices. A l'époque il n'y avait qu'un seul téléviseur noir et blanc dans l'arrière salle du foyer et nous n'y avions plus accès, aussi nous n'avions que peu d'informations sur les "événements".

           Et puis, un jour, rassemblement, nous devions partir dans la soirée. Pour nous libérables c'était la catastrophe nous ne savions pas combien de temps devait durer l'affaire et nous imaginions notre temps rallongé sans compter le "pourquoi". Les camions étaient prêts, chaque section possédait trois marmons S.U.M.B. (Simca Unic Marmon Bocquet) de P.T.A.C. 5.300 kg, un avec une 12,7mm le second avec une A.A 52 et le troisième sans rien. Ils étaient comme à l'accoutumé pare-brises baissés, débâchés, pour pouvoir les évacuer plus rapidement. Il y avait en plus par compagnie quatre Berliets ainsi qu'un cinquième de dépannage le lot 7, le Marmon radio du capitaine, une jeep d'accompagnement dans laquelle se trouvait le lieutenant de Cie et le chien de garde du troupeau un motard avec sa vieille gaine de sécurité faite de lamelles de bois ! Dans les Berliets les lits picots voisinaient avec les munitions qui avaient remplacées les habituelles balles et grenades à blanc, ce qui n'augurait rien de bon. Chaque compagnie devait voyager seule et avait un itinéraire différent. Les bleus des 11 et 12èmes compagnies assistèrent à la file interminable de camions qui quittait la caserne Haxo en cette fin de mai 1968. Nous partions pour l'inconnu. Nuit interminable sur des petites routes de campagne entrecoupées de nombreuses pauses. Pendant le trajet les occupants des voitures croisées nous faisaient de grands signes et nous jetaient parfois en passant des paquets de cigarettes dans la caisse. Nous arrivons enfin à notre première étape Provins dans une caserne d'artillerie, avec nous il y a une autre compagnie du régiment. Première nuit passée sur les lits picots, les camions sont garés entre deux bâtiments avec une sentinelle à chaque bout. Malgré cela il y a eu un acte de sabotage, un camion de la section a eu le réservoir crevé d'un coup de couteau, qui a fait cela ? Nous ne le saurons jamais. Le lendemain départ vers 22heures pour la compagnie, l'autre restant à Provins. Il est environ minuit et il fait chaud quand nous traversons Paris et sa banlieue, Nous ouvrons de grands yeux devant des banderoles et des piquets de grève qui ornent certains bâtiments. Nous sommes seulement trois de la région dans la section et à côté de moi dans le camion il y a Claude. Je l'entends encore me dire qu'il habite à 300m de là quand nous traversons Choisy le Roi. A un endroit nous passons devant une file de camions stationnés. Ils appartiennent à des C.R.S. qui nous acclament et qui crient à tue tête : "l'armée avec nous". Nous arrivons au camp de Frileuse du cinquième régiment d'infanterie à côté de Beynes. Les gens de ce régiment ne sont même pas en alerte, vraisemblablement il n'est pas aussi fiable que le 170 et la discipline n'est pas la même. Par contre il y a là des parachutistes pour la même raison que nous.  Ceux-ci portent des treillis retaillés que nous leur envions car les nôtres ...

     Nous installons des tentes U.S datant de la seconde guerre mondiale dans un champ. Sont avec nous la deuxième (ou cinquième) compagnie capitaine Raimondo, la quatrième du capitaine Martin, une autre est partie garder une raffinerie de pétrole. Les camions sont gardés par des sentinelles en grande tenue, guêtres, bandoulière et gants blancs. Les jours se suivent : cours de maintien de l'ordre, initiation au close-combat et séance de coiffure (comme d'habitude nous sommes rasés) alors que nous devons être libérés dans les jours qui suivent. Rassemblement : on nous annonce une permission exceptionnelle pour les "parisiens", pour les autres visite du château de Versailles. La première compagnie doit quitter ce camp pour une caserne du matériel située dans Fontainebleau. Nous sommes accueillis par un cri : 200 au jus, les habitants du lieu nous prennent pour des "bleus-bites" alors que nous sommes quasiment à zéro. C'est le paradis, et nous sommes tous volontaires pour les corvées de cuisine ! Les cuisiniers sont des civils et la nourriture autrement supérieure. A titre d'information le poulet frites nous était servi à Golbey une fois tous les deux mois lors de l'incorporation des nouveaux.

        Je suis de corvée dans un hangar avec de vieilles pièces d'artillerie quand un camarade arrive et m'annonce un "zéro officiel". Le ministre des armées Pierre Messmer vient de nous octroyer une permission exceptionnelle de deux jours. Nous sommes donc en train de faire du rab. Rassemblement de la section, le capitaine doit se séparer de nous, nous devons retourner dans les Vosges pour y être libéré. C'est une chance pour certains d'entre nous : pas de conseil de discipline pour les moins punis, seuls ceux qui totalisent un très, très grand nombre de jours de prisons sont "invités" à rester à Fontainebleau. Pour les autres, dans les camions, nous devons passer récupérer une section de "la classe" de la cinquième compagnie qui fera le retour avec nous. La caserne Haxo est déserte, comme à l'accoutumée la garde en grande tenue nous présente les armes à notre arrivée, comme elle le fait pour chaque troupe en armes qui entre ou qui sort de la caserne. Nous rendons nos paquetages non nettoyés, une grande majorité sera libérée en uniforme les vêtements civils nous étant à l'époque interdits, charge à eux d'aller rendre la tenue de sortie à la gendarmerie la plus proche de leur domicile. Nous passons à l'infirmerie pour une visite de coutume, nous n'avons même pas la T.A.B.T. et nous passons au P.C ou l'on nous remet nos papiers militaires ainsi que le solde de tout compte. Puis c'est la débandade en ce 17 juin 68, chacun s'empresse de rentrer chez soi après avoir échangé quelques adresses. Nous ne sommes même pas allés au restaurant comme nous nous l'étions pourtant promis. Et c'est plus de quarante ans après que nous avons fait la fête !

 

Alain BUAZ                                      Il y a 3 ans                                   

J'ai servi dans la 1ére compagnie (70/08) sous les ordres du Capitaine Debonet, dont j'étais le secrétaire et le radio dans sa jeep. 2 ans après ces commentaires, rien n'avait vraiment changé, sauf   que nous avions droit de sortir en permission en civil, par contre la coupe de cheveux… pareil !

 

 JOEL PASQUIER                                    Il y a 2 ans                                                   

salut, la 2°Cie était commandée par le capitaine BAUDIN marcel, et nous étions a frileuse en meme temps que toi, après avoir éffectué le meme trajet. Par chance j'ai été affecté à la distribution   du courrier avec un parisien SAENGER également de la 2 Cie. Bon souvenir quand meme des infatigables marcheurs. J.PASQUIER , 2°Cie, 67 2/A

 

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Commentaires
B
Bonjour à tous les anciens du 170. Que des bons souvenirs. Incorporé le 2 mai 1968 (68 1/C) je me souviens du départ en pleine nuit des convois quittant la caserne, destination le région parisienne. J'étais alors au peloton T (adjudant Thiébaut), peloton des élèves gradés, nous regardions derrière les fenêtres ce départ impressionnant. J'ai quitté le 170 fin octobre 1968 pour être EOR à Coëtquidan, mais j'ai toujours gardé un souvenir un peu nostalgique de mes six mois à Golbey.
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G
gougeon jacques 67 / 1B libere fin juin 1968 <br /> <br /> 33 motifs et 60 jours d'arret
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