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Le 170e régiment d'infanterie
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Le 170e régiment d'infanterie
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5 mars 2015

* Héliportage

         Extra ! Voilà une information un peu prématurée de ma part et prononcée un peu à la légère.

Exclamation prononcée en 1967 alors qu'il y avait seulement 1 ou 2 mois que nous venions d'incorporer la 1ère compagnie. "Radio caserne" laissait courir le bruit que la première allait participer à une manoeuvre héliportée, où ? quand ? Nous n'en savions rien.

      Et puis un jour pendant lequel nous avions vaqué à nos obligations habituelles à savoir entre autres à une petite promenade de santé, nous nous trouvions vers 18h au réfectoire entrain d'attaquer le plat de résistance (vraisemblablement du boeuf en ragoût en provenance directe de Nouvelle-Zélande qui se présentait à l'arrivée sous forme de gros cubes), le tout arrosé de l'habituel verre de limonade accompagné d'un unique verre de vin avec sa dose de... chut, bromure.

         Un planton faisant irruption en plein milieu du repas nous annonce un rassemblement une demi heure plus tard. Une dernière bouchée avalée à la va-vite et tout le monde se précipite en maugréant vers le bâtiment de compagnie. Heureusement à cette époque nous étions en treillis du matin au soir. Passage à l'armurerie où chacun touche son arme habituelle, bouchon de tir à blanc, balles grenades à plâtre et fumigène et la ration individuelle pour le lendemain. Rations qui occasionnaient en temps normal de nombreux échanges en fonction du type de la boîte, E pour européenne ou M pour musulmane. Après avoir récupérer sur les placards nos deux casques, le léger et le lourd, mis nos brelages ainsi que la pelle bêche, la gourde, la baïonnette pour certain et la toile de tente au ceinturon, nous nous retrouvont au garde à vous devant le commandant de cie. Nous devons rejoindre, à pied bien sûr et en chantant le petit terrain d'aviation de Dogneville situé à environ 5 ou 6 km de Golbey. Chacune des 3 sections a une mission bien précise, en ce qui nous concerne, nous autres de la 2e nous devons retarder l'ennemi ; pour les autres il me semble me rappeler qu'elles doivent prendre ou simuler l'attaque d'une station radar, d'un dépôt d'essence ou quelque chose d'approchant.

         C'est l'été et nous sommes tranquillement allongés dans l'herbe dans l'attente des hélicos alors que la nuit est entrain de tomber. Puis les sous-officiers nous font mettre en groupe de cinq ou six et au bruit des rotors nous savons que nos véhicules approchent. Ils arrivent par vagues, ce sont de petits engins qui stationnent au-dessus de nous, puis ils descendent un par un. Le premier ne se pose même pas, il est au ras du sol quand les cinq premiers d'entre-nous doivent embarquer en courant, courbés car non rassurés par les pales, nos armes crosses en l'air pour les MAS 49/56 (pour ne pas crever l'habitacle). Tout de suite après il s'envole alors qu'un deuxième appareil effectue la même opération. Combien sont-ils au total ? Nous n'en savons rien mais comme ils nous transportent section par section on peut logiquement penser qu'il y en a huit ou dix pour chaque rotation.

        Et voilà, nous sommes en l'air alors qu'il fait nuit noire. Super ! mais on ne voit pas grand chose, quelques lumières par ci par là. Vingt minutes de vol environ, puis nous sommes lâchés dans la nature, notre section n'a pas de chance car le capitaine est avec nous. A peine posés le crapahut commence et nous marchons comme cela toute la nuit. Vers cinq heures du matin première pose de 10mm, nous nous écroulons sur le bord du chemin sans même prendre le temps d'enlever nos sacs à dos. C'est le capitaine qui, d'une manière fort peu délicate (avec rangers) nous donne l'ordre de repartir. Chaque groupe de combat marche séparément, nous nous sommes transformés en buissons ambulants, car maintenant, non content d'avoir des E.B.R. et de l'infanterie contre nous les pilotes d'hélicoptères ont changés de camp (infâmes individus).

        Nous progressons maintenant par bonds dans les prés et les sous-bois, attentifs au moindre bruit. Onze heure du matin, première vrai pose à part pour quelques sentinelles et après avoir avalé un bout de saucisson chacun part rejoindre Morphée. Une heure plus tard nous devons repartir et toujours pas d'ennemis en vue.

Ça y est, nous y sommes, à peu de distance une pétarade vient de commencer, nous nous précipitons dans la direction. A notre grand dam, c'est un groupe de combat de chez nous qui s'amuse alors qu'aucun ennemi n'est en vue, le sergent chef de groupe se fait "remonter les bretelles". La progression recommence nous sommes maintenant une bonne vingtaine commandés par le chef Létain (le seul antillais du régiment). D'un seul coup, le voltigeur de pointe nous fait signe de nous cacher car l'ennemi, le vrai, nous arrive dessus. Nous savons que c'est l'ennemi car le troupeau qui s'approche, composé d'une quarantaine d'individus ne porte pas de couvre-casque. Le chef nous dispose et chacun apprête son arme, les deux F.M. sont mis en batterie. Nous les laissons tranquillement cheminer, et au coup de sifflet du chef les grenades volent et les armes se déclenchent. Nos adversaires sont complètement dépassés alors que nous montons à l'assaut. Nous en profitons pour leur subtiliser deux ou trois armes et nous faisons demi-tour tout aussi rapidement. Et c'est à ce moment que la vraie bataille commence, un de nos arabes est resté en arrière et est entrain de se faire "tabasser", voyant cela le chef Létain nous ordonne d'aller à la rescousse et là tout dégénère. Notre agressé veut se venger sur un adjudant (que nous reverront plus tard le bras en écharpe), les coups pleuvent, en face un idiot à la mauvaise idée de sortir sa baïonnette tout de suite les quatre ou cinq arabes qui sont avec nous ouvrent des couteaux à cran d'arrêt, je vois un de nos gars qui recule et tire presque à bout portant en direction de son vis-à-vis, heureusement que son arme a un bouchon de tir à blanc. C'est l'arrivée d'un capitaine qui par ses hurlements met fin au combat, les uns à droite, les autres à gauche.

         Peu après alors que nous sommes en surplomb l'équipage d'un E.B.R. est descendu de son engin pour se détendre les jambes, nous aurions pu leur subtiliser mais n'en avons rien fait. L'exercice étant terminé nous devons rejoindre la caserne qui se trouve à vingt ou trente kilomètres; Il manque à l'appel six ou sept gars de la section, nous l'apprendrons plus tard ils se sont fait courser par des "revanchards", ils rentreront seuls et la garde stupéfaite leur présentera les armes.

        Dans la soirée l'officier de permanence au réfectoire sera interloqué de voir la presque totalité d'une compagnie se présenter en boitillant avec des chaussons aux pieds à la place des habituels brodequins. Le lendemain il y aura foule à se faire porter pâle !

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