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Le 170e régiment d'infanterie
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8 mars 2015

* Un certain 3 septembre (II)

Calot

Si proche, mais également si lointain... 

                          Après quelques péripéties plus gastronomiques que guerrières dans un restaurant déserté par son propriétaire à l'est de Sarreguemines où nous avions élu domicile quelques jours après avoir franchi la ligne Maginot, nous avons reçu l'ordre du départ pour nous installer sur la Blies à la frontière allemande. Nous avions pour mission d'appuyer des éléments du génie qui tentaient de rétablir un pont que les allemands avaient fait sauter. C'est là que nous avons vécu nos premiers accrochages avec les patrouilles allemandes qui surveillaient la frontière.

           Une de nos compagnies réussit à s'infiltrer en territoire ennemi et nous nous installâmes provisoirement dans un village truffé de mines et où l'ennemi avait piégé entre autres les points d'eau, ce qui grâce à un sapeur averti me sauva la vie une première fois. Le commandement avait envisagé de nous faire attaquer la ligne Siegfried après d'intenses préparations d'artillerie, mais il n'en fût finalement rien et en réalité nous avons eu à subir les contre-attaques allemandes.

           Ces premiers souvenirs nous rappelèrent ce qu'était la guerre avec ses morts, ses blessés, la chance pour les uns, et la malchance pour d'autres…

A la mi-mai, nous avons alors reçu l'ordre de nous replier vers le sud et après quelques jours passés à Nancy, nous repartîmes pour tenter de défendre Forbach où nous avons eu droit à une offensive allemande au cours de laquelle nous avons subi de violents tirs d'artillerie sur notre cantonnement et qui me firent encore une fois voir la mort de très prês.

          Après reconditionnement complet, on nous amena par train à Compiègne fin mai, puis de là et à pied cette fois, dans l'Aisne où après avoir essuyé plusieurs tirs d'artillerie ou de mitrailleuses, je finis par arriver seul à Croutoy le 9 juin avec une chance inouïe, mes compagnons de circonstance ayant eux été blessés en cours de route.

          Dans le village déjà occupé par le cent-septante et le 26e RI l'atmosphère est très lourde sur la place de l'église et rapidement ça commence à tirer de partout, les allemands tentant de prendre le village défendu par les deux unités. Je n'ai que le temps de rentrer dans la première cave que je rencontre, où se trouvent des hommes du service de santé. Après une tentative de sortie avortée en raison des tirs de mitrailleuse, nous sommes finalement sortis d'affaire par des sous-officiers du Régiment, ce dernier entamant son repli sur ordre et en ordre vers Château-Thierry, puis Fontainebleau et enfin Gien dans le Loiret où la gare était en flammes. Nous réussissons quand même à embarquer dans des wagons qui nous amenèrent dans le Périgord, puis finalement à Limoges où nous apprenions après trois jours et trois nuits interminables, et le ventre creux depuis Croutoy, que la guerre était finie pour nous, l'armistice ayant été signé.

          Après avoir défilé devant le monument aux morts, nous fûmes pour certains décorés de la croix de guerre et démobilisés suite aux conventions de l'armistice.

          Pour la petite histoire, lors de ces opérations administratives, un officier constatant mon statut d'étranger mentionné à l'encre rouge, me fit remarquer que j'avais eu beaucoup de chance, car dans l'hypothèse où j'aurai été fait prisonnier, j'aurai été immédiatement passé par les armes compte tenu de mon statut d'étranger, combattant volontaire…

          Finalement je finis par rentrer chez moi à Valence, via Toulouse, Perpignan et Montpellier. Sur place, il m'est impossible de me faire naturaliser dans l'immédiat malgré mon statut de combattant volontaire et ma croix de guerre…

          Après maintes et maintes péripéties qui me permirent d'échapper de justesse au S.T.O. je rejoignis finalement la résistance le 15 septembre 1943 pour continuer la lutte, et ce jusqu'à la fin de la guerre.  

PAUL HARONIAN, membre de l'amicale du 170e, né le 09/10/1913 à Ankara; Président des Anciens Combattants et Résistants Français d'origine Arménienne.

Paul Haronian a été nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

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