* Le cent-septante dans la grande guerre (4)
Attaque du 25 mai
(juin-juillet 1915).
Dans la journée du 28 mai le régiment est relevé du secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Le soir il cantonne à la Comté, près de Houdain. Il séjourne à Barlin le 29 et le 30.
Le 31 mai, il va prendre les tranchées dans le secteur de la Fosse-Calonne avec deux bataillons en ligne et un en réserve à Bully-Grenay. Il ne reste d'ailleurs que deux jours dans ce secteur, où il a 1 tué et quatre blessés.
Le 3 juin, il va cantonner à Houdain où il restera au repos jusqu'au 10. Le 10 juin, le régiment quitte Houdain pour prendre les tranchées en face d'Angres. Pendant les premiers jours, il n'a qu'un bataillon en ligne, puis deux bataillons.
Le 16 juin, il attaque. L'objectif était de prendre la première ligne de tranchées allemandes, puis de pousser jusqu'à la croupe marquée sur le plan avec les lettres d5-e6. Le lieutenant-colonel Naulin disposait pour cette opération des 2e et 3e bataillons du 170e et d'un bataillon du 174e. L'attaque devait avoir lieu à 12h15, le 2e bataillon se trouvant en première ligne, le 3e en seconde.
A 12h13, le régiment marocain placé à notre droite, sort prématurément de ses tranchées. Les 5e et 8e compagnies du 170e placées à côté, dans la parallèle de départ, s'élancent avec lui. Cette ligne de tirailleurs se précipite sur la tranchée de première ligne allemande ; elle la franchit et du premier coup atteint le chemin creux dit "chemin des vaches". Elle s'y arrête quelques instants. Surprise par la soudaineté de notre action, l'artillerie allemande déclenche alors un violent tir de barrage, auquel se mêlent canons-revolvers et mitrailleuses qui nous prennent d'enfilade et même à revers.
Notre progression néanmoins continue. A droite le sous-lieutenant Marchand, à la tête de la 8e compagnie, sort du chemin creux et prend la direction de l'objectif. Tous les officiers de la 5e sont tués, on avance toujours. On gagne le talus, lequel se trouve environ à 600 mètres de la parallèle de départ, puis le boyau d'Angres à l'est du point C4. Tout de suite, on engage la lutte à coups de grenades contre une vingtaine d'Allemands y possédant une mitrailleuse. Ils sont tués ou faits prisonniers. A 17 heures, le boyau est complètement libre. La liaison s'établit à ce moment, à droite avec le 3e bataillon de chasseurs, à gauche avec la régiment marocain.
Malheureusement, le tir de barrage extrêmement violent et le feu des mitrailleuses qui des deux côtés balaient le vallonnement suivi par le chemin des vaches, rendent impossible le renforcement de la ligne avancée. Il faut attendre la nuit pour de nouvelles tentatives. A partir de 22 heures, la compagnie du génie mise à la disposition du lieutenant-colonel Naulin procède à l'établissement d'un boyau destiné à relier notre première ligne au boyau d'Angres. L'infanterie travaille avec le génie ; on creuse ainsi 160 mètres de boyaux ; il en faudrait 600. On continuera la nuit suivante. Mais le jour arrive (2h30) avant que le renforcement effectif soit opéré. A cette même heure l'ennemi essaie de contre-attaquer, mais sans aucun succès.
Pendant toute la journée du 17 juin, les unités du 2e bataillon, terrées dans le boyau d'Angres, ne peuvent en sortir. Le bombardement continue sans répit. Toute tentative pour améliorer la tranchée ou pour reconnaître le terrain avoisinant doit cesser, par suite du redoublement de la canonnade dès que le moindre mouvement de notre part est observé D'ailleurs, tous les officiers des compagnies ou des éléments engagés sont tués ou blessés ; nos hommes n'ont plus de commandement. La nuit vient enfin. Le 3e bataillon renforcé par la 4e compagnie (1er bataillon) doit se porter en avant et relever le 2e qui passera en troisième ligne ; le bataillon Chollet, du 174e, ira prendre en première ligne la place du 3e bataillon du 170e, une section de mitrailleuses montera avec lui ; quant à la compagnie du génie, elle poursuivra, avec le concours de 400 travailleurs d'infanterie, l'établissement du boyau commencé la veille. Dès que la nuit est suffisamment sombre, ces divers mouvements s'exécutent, sans doute avec des pertes sensibles, mais suffisamment sans à coup. L'artillerie a ralenti son activité; Chaque unité parvient à gagner l'emplacement prévu. Chacune commençait à s'y installer, lorsqu'une attaque allemande, forte de 300 hommes environ et de deux mitrailleuses,, se produit, à 2h30. Après un vif engagement, elle est repoussée laissant des blessés prisonniers entre nos mains.
Malgré cette attaque, le travail continue ; au jour, le boyau de communication est terminé sur la longueur prescrite des 600 mètres, mais on n'a pu le creuser plus profondément que 80 centimètres. Tel quel, il n'offre donc pas un abri sérieux. Il faudra encore passer à le creuser toute la nuit du 18 juin ; Le 3e bataillon, de son côté, commence à creuser à l'ouest de la crête des tranchées qu'il doit occuper face à l'est. "L'opération du 16 juin a, en résumé, écrit le lieutenant-colonel Naulin, permis au 170e d'atteindre d'un seul bond l'objectif qui lui avait été assigné, réalisant ainsi un gain d'environ 800 mètres. Ce gain a été conservé malgré deux contre-attaques exécutées par des effectifs restreints à la même heure (2h30) pendant les nuits du 16 au 17 et du 17 au 18 juin".
Les jours et les nuits se ressemblèrent, moins ses attaques allemandes, jusqu'au 21 juin, jour où le régiment, quittant le secteur, descendit au repos à Hersin.