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Le 170e régiment d'infanterie
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Le 170e régiment d'infanterie
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10 mars 2015

* Le cent-septante dans la grande guerre (4)

On les aura

Attaque du 25 mai

 
           Le combat du 23 mai avait porté la ligne avancée du 170e sur le rebord ouest du vallon de Buval. Mais l'ennemi reste toujours maître de la longue ligne de tranchées établies le long du Thalweg ; de là il arrête les bataillons de chasseurs opérant à la gauche du régiment.
 
Il faut de toute nécessité le chasser de cette ligne. Les chasseurs l'attaqueront, mais pour leur permettre cette vaste entreprise le 170e reçoit l'ordre de continuer sa progression. Il prendra pied sur les pentes est du vallon de Buval en formant échelon avancé dans la direction de l'est. Lobjectif final était la crête longée par le chemin de Notre-Dame-de-Lorette.
 
           L'attaque fut décidée pour le 25 mai, à 12h40. La zone d'action attribuée au régiment était extrêmement étroite ; un bataillon seul pouvait y être employé, ce fut au 1er bataillon, placé en première ligne, que revint ce périlleux honneur. Sa mission consiste à enlever la partie de la tranchée allemande située à la naissance du vallon et de chercher ensuite à s'élever sur le versant opposé. Deux compagnies doivent marcher en tête : la 4e qui, placée à gauche, attaquera de front la tranchée allemande ; la 3e qui, faisant un oblique très prononcé par rapport à la 4ème compagnie, prendra à revers la ligne ennemie. Ordre est donné d'aller très vite, en fonçant du premier coup sur l'objectif, à la baïonnette, à la grenade.
 
           12h40. Comme un seul homme, les deux compagnies bondissent ensemble. Mais un sort inégal les attendait. Tout va bien à la 4e ; elle atteint assez rapidement son but. La 3e a eu beau se porter d'un mouvement superbe au bord du fossé à pic ; un feu de mitrailleuses et de canon-revolvers l'y saisit tout d'un coup, venant des tranchées du nord ; rien n'avait permis de prévoir qu'il sortirait de là un tel déluge. En un clin d'œil, il étend sa nappe de fer et de flammes, 125 hommes de la 3e compagnie tombent ; s'ils ne sont pas foudroyés, leur premier mouvement les désignera comme cible et la mort qui les guette ne laissera plus à la fin du jour sur le terrain que des cadavres. Quelques-uns ont la volonté de souffrir sans bouger ; l'immobilité leur sauve la vie, la nuit permettra d'emporter dans nos lignes les rares rescapés sans blessure qui étreignirent la terre avec une telle force qu'ils semblaient se fondre en elle. Trois sous-officiers demeurent ainsi jusqu'au bout à la tête d'une petite troupe qu'ils ramèneront à la faveur de la nuit. Les officiers (lieutenant Bourquin, faisant fonction de capitaine, et sous-lieutenant Dupenloup) avaient été des premiers atteints. Par un assaut au-dessus de ses forces, mais donné dans la mesure de son courage, la 3e compagnie avait vécu.
 
           L'obscurité une fois venue le lieutenant-colonel Naulin va reprendre la bataille. A la 4e compagnie, il adjoint la 1ère et la 2e. L'ennemi ne voit plus où il tire, nos hommes se glissent en rampant sous les rafales devenues intermittentes ; ils traversent le ravin, le fond maudit de Buval ; ils gravissent la pente du thalweg ; les voilà sur le plateau. Ils s'y installent face au sud-est, la gauche en position sur la crête est en observation ; sans perdre un instant, ils s'incrustent au terrain en le creusant sur toute une nouvelle ligne. Au sommet, ils amorcent le point de départ d'une nouvelle tranchée parallèle à la tranchée allemande. Quand le jour reparaît, tout le monde se terre. Les obus pleuvent, la nuit vient, le travail recommence.
 
           Le 27 au matin, la tranchée atteint 100 mètres et la lutte s'engage à coups de grenades avec les défenseurs de la tranchée voisine.
         En cette deuxième affaire, nous avons eu, affirme le lieutenant-colonel Naulin, 120 tués et 150 blessés, "proportion presque invraisemblable", ajoute-t-il, mais qui s'explique par l'acharnement des mitrailleuses à achever nos blessés.
ANGRES

(juin-juillet 1915). 

          Dans la journée du 28 mai le régiment est relevé du secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Le soir il cantonne à la Comté, près de Houdain. Il séjourne à Barlin le 29 et le 30.

          Le 31 mai, il va prendre les tranchées dans le secteur de la Fosse-Calonne avec deux bataillons en ligne et un en réserve à Bully-Grenay. Il ne reste d'ailleurs que deux jours dans ce secteur, où il a 1 tué et quatre blessés.

          Le 3 juin, il va cantonner à Houdain où il restera au repos jusqu'au 10. Le 10 juin, le régiment quitte Houdain pour prendre les tranchées en face d'Angres. Pendant les premiers jours, il n'a qu'un bataillon en ligne, puis deux bataillons.  

          Le 16 juin, il attaque. L'objectif était de prendre la première ligne de tranchées allemandes, puis de pousser jusqu'à la croupe marquée sur le plan avec les lettres d5-e6. Le lieutenant-colonel Naulin disposait pour cette opération des 2e et 3e bataillons du 170e et d'un bataillon du 174e. L'attaque devait avoir lieu à 12h15, le 2e bataillon se trouvant en première ligne, le 3e en seconde.

          A 12h13, le régiment marocain placé à notre droite, sort prématurément de ses tranchées. Les 5e et 8e compagnies du 170e placées à côté, dans la parallèle de départ, s'élancent avec lui. Cette ligne de tirailleurs se précipite sur la tranchée de première ligne allemande ; elle la franchit et du premier coup atteint le chemin creux dit "chemin des vaches". Elle s'y arrête quelques instants. Surprise par la soudaineté de notre action, l'artillerie allemande déclenche alors un violent tir de barrage, auquel se mêlent canons-revolvers et mitrailleuses qui nous prennent d'enfilade et même à revers.

          Notre progression néanmoins continue. A droite le sous-lieutenant Marchand, à la tête de la 8e compagnie, sort du chemin creux et prend la direction de l'objectif. Tous les officiers de la 5e sont tués, on avance toujours. On gagne le talus, lequel se trouve environ à 600 mètres de la parallèle de départ, puis le boyau d'Angres à l'est du point C4. Tout de suite, on engage la lutte à coups de grenades contre une vingtaine d'Allemands y possédant une mitrailleuse. Ils sont tués ou faits prisonniers. A 17 heures, le boyau est complètement libre. La liaison s'établit à ce moment, à droite avec le 3e bataillon de chasseurs, à gauche avec la régiment marocain.

          Malheureusement, le tir de barrage extrêmement violent et le feu des mitrailleuses qui des deux côtés balaient le vallonnement suivi par le chemin des vaches, rendent impossible le renforcement de la ligne avancée. Il faut attendre la nuit pour de nouvelles tentatives. A partir de 22 heures, la compagnie du génie mise à la disposition du lieutenant-colonel Naulin procède à l'établissement d'un boyau destiné à relier notre première ligne au boyau d'Angres. L'infanterie travaille avec le génie ; on creuse ainsi 160 mètres de boyaux ; il en faudrait 600. On continuera la nuit suivante. Mais le jour arrive (2h30) avant que le renforcement effectif soit opéré. A cette même heure l'ennemi essaie de contre-attaquer, mais sans aucun succès.

          Pendant toute la journée du 17 juin, les unités du 2e bataillon, terrées dans le boyau d'Angres, ne peuvent en sortir. Le bombardement continue sans répit. Toute tentative pour améliorer la tranchée ou pour reconnaître le terrain avoisinant doit cesser, par suite du redoublement de la canonnade dès que le moindre mouvement de notre part est observé D'ailleurs, tous les officiers des compagnies ou des éléments engagés sont tués ou blessés ; nos hommes n'ont plus de commandement. La nuit vient enfin. Le 3e bataillon renforcé par la 4e compagnie (1er bataillon) doit se porter en avant et relever le 2e qui passera en troisième ligne ; le bataillon Chollet, du 174e, ira prendre en première ligne la place du 3e bataillon du 170e, une section de mitrailleuses montera avec lui ; quant à la compagnie du génie, elle poursuivra, avec le concours de 400 travailleurs d'infanterie, l'établissement du boyau commencé la veille. Dès que la nuit est suffisamment sombre, ces divers mouvements s'exécutent, sans doute avec des pertes sensibles, mais suffisamment sans à coup. L'artillerie a ralenti son activité; Chaque unité parvient à gagner l'emplacement prévu. Chacune commençait à s'y installer, lorsqu'une attaque allemande, forte de 300 hommes environ et de deux mitrailleuses,, se produit, à 2h30. Après un vif engagement, elle est repoussée laissant des blessés prisonniers entre nos mains.

          Malgré cette attaque, le travail continue ; au jour, le boyau de communication est terminé sur la longueur prescrite des 600 mètres, mais on n'a pu le creuser plus profondément que 80 centimètres. Tel quel, il n'offre donc pas un abri sérieux. Il faudra encore passer à le creuser toute la nuit du 18 juin ; Le 3e bataillon, de son côté, commence à creuser à l'ouest de la crête des tranchées qu'il doit occuper face à l'est. "L'opération du 16 juin a, en résumé, écrit le lieutenant-colonel Naulin, permis au 170e d'atteindre d'un seul bond l'objectif qui lui avait été assigné, réalisant ainsi un gain d'environ 800 mètres. Ce gain a été conservé malgré deux contre-attaques exécutées par des effectifs restreints à la même heure (2h30) pendant les nuits du 16 au 17 et du 17 au 18 juin".

           Les jours et les nuits se ressemblèrent, moins ses attaques allemandes, jusqu'au 21 juin, jour où le régiment, quittant le secteur, descendit au repos à Hersin.

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