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Le 170e régiment d'infanterie
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Le 170e régiment d'infanterie
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18 mars 2015

* Le cent-septante dans la grande guerre (11)

 

On les aura

           En exécutant son mouvement, le 3e bataillon est soudain pris sous un feu terrible de mitrailleuses qui se révèlent intactes sur les talus est dominant le ravin où il vient de s'engager. Les pertes sont sérieuses. Deux commandants de compagnies tombent, puis le chef de bataillon Orsel, qui est grièvement blessé, ainsi que plusieurs officiers. Malgré tout, les premiers éléments du 3e bataillon atteignent le talus et arrivent même au bois des Berlingots, situé en dehors du secteur d'attaque de la division. Il convient de noter que le 3e bataillon avait dû porter vers sa droite (sud) la 10e compagnie, en raison d'un intervalle de plus de cinq cent mètres qui existe dès le début de l'attaque entre notre droite et la gauche de la 70e D.I.

         Celle-ci ne se lie pas à notre mouvement offensif, comme on pouvait l'espérer d'après les termes de l'ordre d'opérations n° 543/3 de la 48e division d'infanterie. "La liaison entre la 48e D.I. et la 70e D.I. doit, d'après les ordres supérieurs, être recherchée et établie par la 70e D.I. avec nos éléments de flanc-garde (bataillon Orsel)". Les éléments qui devaient marcher à notre droite (360e R.I. de la 70e D.I.) et qui étaient sortis en même temps que nous ont regagné la tranchée des Berlingots, au lieu d'atteindre le bois.

         Notre droite se trouve donc en l'air. Les mitrailleuses allemandes en profitent pour battre le ravin des Berlingots. Beaucoup d'hommes se réfugient dans des trous d'obus. Ce n'est qu'à la nuit qu'il sera possible de reprendre tout le monde en main. La C.M. 3 (capitaine Eliot) reçoit l'ordre de faire face à droite à l'est, contre le talus, pour battre elle-même en cas de contre-attaque l'espace laissé libre par la 70e division d'infanterie.

         Pour remédier à cette situation qui arrête malgré nous notre avance, le 67e B.C.P. (commandant Monnet), placé en réserve près du bois Saucisse, est envoyé dans la tranchée des Berlingots pour libérer les éléments du 170e R.I qui s'y trouvent et permettre la poussée en avant des trois bataillons à l'attaque du deuxième objectif. La blessure du commandant Orsel fait donner, à 17 heures, au commandant Monnet l'ordre de prendre sous son commandement tous les éléments de la droite, de tenir solidement la croupe nord des Berlingots et de se garder soigneusement sur la droite en attendant qu'il soit possible de s'y relier avec le 360e.

         Le 13 septembre, à 1 heure, le colonel Lavigne-Delville apprend qu'une patrouille de dix hommes du 360e commandée par un adjudant est arrivée au bois des Berlingots, mais qu'elle avait reçu l'ordre de n'y pas rester et de se replier sur la tranchée du même nom. Le sous-lieutenant Jacquemin (10e compagnie) rend compte que, privé de communication à la suite de cet ordre, il va faire de même. Le colonel aussitôt prescrit de tenir à tout prix ce bois bien qu'il soit hors des limites du secteur de la 48e division.

          Un premier élément (sous-lieutenant Pélicot) s'y porte sur le champ. Mais trompé par des appels "ici, 360" qui répondent aux siens il tombe dans une embuscade d'une cinquantaine d'allemands qui avaient réoccupé le bois. Le sous-lieutenant Pélicot est fait prisonnier avec une quinzaine d'hommes. Le sous-lieutenant Dupire tombe, le sous-lieutenant Jacquemin peut s'échapper et donner l'alarme. Malgré cette surprise, les restes de la 10e compagnie s'accrochent aux approches du bois. Le jour venu, ils vont progresser en rampant jusqu'aux lisières est et nord pour surveiller le trou de 300 à 400 mètres qui, existant toujours entre notre droite et la 70e division d'infanterie, nous empêche d'avancer de ce côté.

          Le colonel Lavigne-Delville demande à la 70e D.I. de venir réoccuper le bois des Berlingots qui se trouve en dehors de notre secteur, et que le 170e ne peut plus tenir à cause des pertes subies. L'effectif du régiment est, en effet réduit à 900 fusils.

          A 11h20, le commandant Monnet s'inquiétant de la situation, le colonel lui fait connaître que la 70e D.I. l'avise que le 42e B.C.P. va enfin venir boucher le trou qui nous sépare du 360e. Mais le 42e B.C.P. n'a jamais, du moins à la connaissance du 170e, paru à sa droite.

          A 17h20, l'ordre arrive au 170e de remonter tout son dispositif vers le nord ; cet ordre va avoir pour effet, si la 70e D.I. ne s'étend pas elle-même, d'augmenter encore la distance non occupée au sud du commandant Monnet. Le colonel, pour parer à toute éventualité, fait exécuter ce mouvement avec lenteur et par infiltrations ; on s'organise en profondeur. Une attaque qui devait avoir lieu à 15h30 avec la 70e D.I. ne réussit pas dans l'ensemble, la 70e D.I. n'étant pas sortie de ses tranchées et n'ayant pas appuyé vers le nord. Notre bataillon Nouvion progresse néanmoins fortement vers la crête nord de l'observatoire ; le front à tenir, qui était à l'origine de 500 à 600 mètres, est devenu de 1.400 à 1.500 depuis ce progrès de notre gauche, notre droite ayant dû s'arrêter au nord du bois des Berlingots pour ne pas accentuer le vide sur ce flanc.

          Le régiment est fort réduit par de nombreuses pertes : le 1er bataillon, à 180 fusils ; le 2e bataillon, à 280 ; le 3e bataillon, à 120. Aussi la 48e D.I. envoie-t-elle en renfort au 170e, outre le 67e B.C.P. et le bataillon Panouillot, le bataillon Monzac (2e mixte) venant de la tranchée Hennequin. Le colonel Lavigne-Delville se trouve à la tête de 1.130 hommes, répartis en six bataillons.

          Le 14 septembre, à 13 heures, nouvelle attaque. Les trois bataillons Nouvion, Panouillot, de La Baume, le 67e B.C.P. se portent en avant. Une compagnie de chacun d'eux est désignée pour constituer la seconde ligne. En troisième ligne, les bataillons Mouzac et Eliot. Les mixtes (Panouillot) s'élancent à l'assaut de l'observatoire ; dépassant cet objectif ils s'installent face à la route ; mais à peine s'en approchent-ils qu'ils sont pris sous un feu de mitrailleuses partant de là et du ravin 17-19. Les allemands montent même sur les talus de la route et y installent leurs pièces d'où part un feu très meurtrier. Les éléments de tête du bataillon de La Baume atteignent la crête de l'observatoire sans toutefois pousser aussi loin que les premiers. Comme le feu des mitrailleuses est très dense et que l'objectif principal est atteint sur ce point, on établit des postes de surveillance en avant de notre ligne ; Les hommes qui ne sont pas au guet creusent activement la terre pour se dérober aux balles qui rasent le terrain.

         A droite, le 67e B.C.P. arrive lui aussi de la crête, mais il ne peut la dépasser à cause du manque d'appui des éléments de gauche de la 70e D.I. qui trouvent les tranchées de l'Inferno intactes. A ce moment le commandant Monnet qui surveillait ce côté du champ de bataille, tombe grièvement blessé, son bataillon est réduit à moins de 200 fusils. La progression est ainsi enrayée, l'attaque a atteint sur la gauche l'objectif qui lui était assigné. On passe la nuit à creuser une tranchée sur le nouveau front ainsi conquis et à l'entourer de fil de fer. C'est ce secteur déjà organisé solidement que le 170e et ceux qui l'ont aidé laisseront le 15 septembre à la brigade de chasseurs qui viendra avec trois bataillons frais à effectifs complets, relever les 900 fusils que nous avions en ligne après l'attaque.

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