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Le 170e régiment d'infanterie
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12 mai 2015

L'ami (1)

 

 

Abbé dubourg aumonier du rgt img023 -2-

L'Ami

Bulletin religieux du 170e d'Infanterie

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"C'est pas moi c'est lui"

 

         Vous souvenez-vous de ce moyen de défense que vous invoquiez parfois dans votre enfance ? Pour vous soustraire à la responsabilité d'un acte mauvais, vous n'hésitiez pas à en charger le voisin. A l'école, étiez-vous accusé de rire au nez du maître, au lieu d'écouter son enseignement, de causer derrière 'une pile de livres au lieu de faire votre devoir, de jeter des boulettes de papier pour consteller le plafond de pâles étoile, de tirer les sonnettes des pacifiques bourgeois en rentrant le soir à la maison par les rues sombres, la même réponse venait toujours sur vos lèvres : "non m'sieur c'est pas moi… c'est lui…". Et vous accusiez à tort ou à raison un camarade quelconque. Vous étiez alors des enfants.

         Aujourd'hui vous êtes des hommes… Valez-vous mieux qu'autrefois ? Etes-vous plus franc ? Acceptez-vous mieux la responsabilité de vos actes ? Aveugles sur vos propres fautes, ne voyez-vous pas celles de votre prochain ? Et ne l'accusez-vous pas de vos méfaits ?

         Je me posais ces questions certain soir du commencement de juin… Nous venions d'arriver dans ces riches pays de la Marne menacés par les boches. Festigny, Cerseul, Leuvrigny, Villers-sous-Chatillon, Reuil, Orquigny, Binson, Venteuil. Tous ces petits villages qui nous avaient paru si calmes l'an dernier, si éloignés de la guerre, étaient maintenant sous le feu de l'ennemi. Les civils avaient fui ; Par prudence, par ordre ou par peur ? Qu'en sais-je ? Et qu'importe ? Ce que nous savons tous, ces qu'aux derniers jours de mai, l'ennemi fit sur notre front une poussée violente. La ligne fléchit et à grande vitesse, les barbares avancèrent. Alors ce fut une fuite éperdue. En voyant refluer les habitants des pays voisins, les blessés, et pourquoi ne pas le dire, des combattants, les braves gens, plutôt que de rester dans les mains de l'ennemi, quittèrent tout et seules demeurèrent dans les villages les troupes qui devaient les défendre. Elles commencèrent par les piller…

         Vous avez vu comme moi, dans les maisons abandonnées, les armoires éventrées, le linge répandu en désordre au milieu des chambres, les pendules brisées, les souvenirs de famille profanés, les photographies, les lettres dispersées. Quel spectacle douloureux, écœurant ! Et qui donc à fait tout cela ? Ayons la franchise de l'avouer… le soldat… le soldat français. Ne rejetons pas la faute sur d'autres. N'accusons ni l'anglais, ni l'américain. Ils en ont peut-être fait autant, et je ne les excuse pas. Mais j'excuse encore moins le français qui chez-lui commet de tels actes de vandalisme. Ne dites pas "c'est pas nous, c'est tel régiment… c'est tel bataillon". Allons donc ! Etes-vous moins mauvais que les autres ? Et n'avez-vous rien à vous reprocher ? Pris à part, vous déplorer le pillage et vous le condamnez. En masse beaucoup le commette. Je ne sais quel entraînement irrésistible se produit. Ou plutôt, si, je sais.

Abbé Dubourg aumônier du régiment.

 Document aimablement fourni par Frédéric Videlaine, qu'il en soit vivement remercié. Je vous engage fortement à visiter son site sur le 174e :

http://videlaine.canalblog.com/profile/274779/index.html

 

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