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Le 170e régiment d'infanterie
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18 mai 2019

Le 7 en Indo (25)

7e RTA 4e bataillon en Indochine (andré mardini)

         Sa compagnie est pratiquement en ligne en pleine rizière. Elle s'abrite tant bien que mal. Là aussi la nuit est agitée, les viets tentent de s'enfuir de Trac-Nhiet, mais leur passage est décelé par les clapotis qu'ils provoquent par leur course désespérée dans la rizière au milieu des tirs de barrage de l'artillerie. Il en sera ainsi toute la deuxième partie de la nuit. A un moment, un intrus est appréhendé au milieu du P.C. de la 4 ! C'est un viet avec un fusil-mitrailleur ! "Il ne s'attendait pas à un bouclage en pleine rizière et a été surpris de se trouver tout à coup au milieu de nous. Nous avons été pour le moins, aussi surpris que lui !" déclare le capitaine Good.

         Le 21 avril, au petit jour, le 4/7 RTA. Qui a eu dans ce combat la part prépondérante va commencer à recueillir le fruit de son action. L'aube se lève enfin sur une rizière labourée par des tirs d'artillerie; de nombreux cadavres y sont enlisés.

         Au P.C. de la 4e compagnie, un café chaud (d'où vient-il ? merci Tagane!) est servi. Le prisonnier du P.C. après interrogatoire, s'avère être un officier. Il refuse le café qui lui est offert, mais prend le verre de cognac que lui présente l'interprète après en avoir goûté. Il appartient au régiment 98.

         La 4e compagnie a fait cette nuit 10 prisonniers, tous armés. Devant les positions de la 2e compagnie, c'est le même spectacle, on discerne de plus en plus de formes qui n'y étaient pas la veille au soir. Puis, petit à petit, au fur et à mesure que le jour se lève on découvre tout autour du "carré de Waterloo" la rizière jonchée de corps et d'objets des plus hétéroclites. Avant d'aller voir de plus peès de quoi il retourne, le lieutenant Moreau rend compte au patron, le capitaine Biard, du spectacle qu'il a sous les yeux ce qui a pour effet de le remettre des émotions qui lui onté été infligées, pendant cette rude nuit. Enfin, n'y tenant plus, il va avec le sergent-chef Litzelman voir les résultats de cette sombre bagarre. Ce qu'ils voient, amplifiés par le clair-obscur du petit matin, leur fait penser à un grand champ de batailles que les peintres ont immortalisé sur leurs toiles au lendemain des grandes empoignades.

         Le sol est jonché d'hommes morts ou blessés, de fusils, de caisses de munitions et d'objets les plus hétéroclites. Le lieutenant Moreau demande au chef de section qui l'accompagne d'appeler ces hommes et de faire procéder en premier lieu à la récupération des blessés. Parmi ceux-ci, une vingtaine environ, se trouve un très jeune officier dont l'allure tranche sur celle de ses camarades. Impatient d'être renseigné sur la nature de l'ennemi contre lequel il s'est battu aussi durement depuis 24 heures, le lieutenant Moreau demande à son adjoint , le lieutenant Dubos,, de faire venir l'un de ses partisans vietnamien pour lui servir d'interprète. Qu'elle n'est pas sa stupéfaction de s'entendre dire par le prisonnier viet, maintenant remis de ses émotions, qu'il connaît suffisamment notre langue pour répondre directement aux questions que l'on voudrait bien lui poser !

         De fait, son français est aussi correct que le nôtre et sans accent. Pas de doute, il ne s'agit pas d'un quelconque "Nhia-Qué". Il se présent comme ayant le grade de lieutenant et dit avoir fait toutes ses études au collège catholique de Hanoï. "Mais comment un catholique peut-il abandonner sa religion et ses convictions pour devenir communiste et athé?" lui demande le lieutenant Moreau. "Mon lieutenant, je n'ai rien renié de mon catholicisme, pas plus que je ne suis devenu communiste et marxiste, je me bats pour que nous soyons seuls maîtres chez nous et rien d'autre" lui répond-il.

         Sa réponse est tellement inattendue que le lieutenant Moreau reste quelques instants sans voix. Puis il essaie de lui faire entendre que sous le régime stalinien, si l'oncle Ho prenait le pouvoir, ce qui ne risquait pas de se produire (pense-t-il de bonne foi) il n'aurait guère le loisir de chanter matines ni lui, ni ses descendants. A cette remarque, le lieutenant viet reste muet, mais le petit sourire moqueur qu'il adresse à son interlocuteur en dit long sur la foi qui l'anime et fait prendre conscience au lieutenant Moreau que quels que soient les arguments qu'il s'apprête à lui opposer, ils ne seront pas de nature à le faire changer d'avis.

         Il n'en a pas d'ailleurs le loisir car le lieutenant Dufossé lui fait part par radio de la volonté du patron de récupérer au plus vite les prisonniers qu'il détient. "Dommage, pense Moreau, j'aurais bien aimé interroger les autres car j'ai le sentiment que parmi eux il y a des gros poissons". Mais il se console en faisant procéder à la récupération de tout ce qui traîne autour de sa position. Il y a vraiment de tout ; des armes, des munitions, de la nourriture et des médicaments. Mais aussi, à son grand étonnement, une très grande quantité de paperasse. Par l'interprète, il apprend que l'unité viet à laquelle il a affaire est le T.D 98, cela il le savait déjà par le bataillon, mais, ô surprise ! que l'élément qu'il a mis en pièce pendant la nuit est la compagnie de commandement du régiment.

 Par les généraux Good et Mary et les colonels Chiaramonti, Moreau et Antoine.

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