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Le 170e régiment d'infanterie
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6 décembre 2015

Le 7 en Indo (14)

   

7e RTA 4e bataillon en Indochine (andré mardini)

         A notre arrivée à Da-Si, un renfort d'officiers et de sous-officiers nous rejoint. Le lieutenant Mazeris, qui prend le commandement de la 238e compagnie légère de supplétifs ; l'adjudant Leoncini remplace l'adjudant-chef Druge au bureau bataillon ; l'adjudant Hubert, affecté à la 1ère compagnie. Enfin le lieutenant Moreau, connu de tous les anciens du 7e R.T.A., qui relate ainsi sa prise de contact avec l'Indochine et les réflexions qu'elle lui inspira : "après un voyage de 31 jours sur le Cap Tourane, me voici enfin à Saïgon, que je n'aurai guère le temps de visiter, car à peine arrivé, le service de garnison me désigne comme officier de permanence – charmant !".

         C'est donc sans regret que dès le lendemain je prends l'avion à Than-Son-Nut pour Hanoï, où, je le sais déjà, je trouverai une meilleure ambiance que celle que j'ai ressentie dans la capitale indochinoise. Il y règne en effet, une atmosphère trouble et malsaine, semblable à celle maintes fois décrites par nos anciens, lorsqu'ils séjournaient à l'arrière et à Paris particulièrement. Le survol du Tonkin, une heure plus tard, m'amène à découvrir un paysage bien différent de celui auquel je m'attendais, au point de me demander si le pilote de l'avion n'aurait pas commis une erreur en confondant l'extrême-orient et la côte nord de la Bretagne, dont je suis originaire. Tout cela ressemble à la région de Perros-Guirec et de Plougrescant à marée basse et ne correspond guère à l'idée que je m'étais faite. Devant une telle étendue d'eau on ne peut qu'être perplexe sur les possibilités qu'elle peut offrir aux viets pour manœuvrer. Déjà, je me fais à l'idée qu'en bon breton, je saurai avec l'appui de quelques embarcations résoudre à moi seul les problèmes que nous pose Ho-Chi-Minh. C'est dans cet esprit que je débarque à Gia-Lam, avec la ferme intention de soumettre au capitaine Biard ma manière de voir.

          Je suis très impatient de les revoir, tous ceux qui, quelques mois auparavant, ont quitté Trèves pour rejoindre le 4/7e R.T.A. auquel je suis moi-même affecté. La réputation de cette magnifique unité n'est plus à faire et c'est un sentiment de fierté que j'éprouve en m'apprêtant à la rejoindre. Mais, parallèlement, mon optimisme est un peu tempéré par le doute sur ma propre valeur comme chef dans une guerre dont la nature semble mal définie.

         Après la Bretagne maquisarde, j'ai connu les combats sur le "Front de Lorient", comme commandant de la 3e compagnie du 71e R.I. Puis il y eut Madagascar, pendant deux ans et l'île de la Réunion, l'année suivante. Dans le premier cas, au sein du 1/7e R.Y.A., la révolte fut assez vite réprimée et la pacification bien menée par un bataillon, le nôtre qui s'était porté volontaire pour rester dans la grande île jusqu'à son aboutissement. Quant à la Réunion, la mission de maintien de l'ordre qui m'y avait été assignée s'est traduite par un séjour de tout repos, au demeurant fort bien venu après les fatigues de la campagne malgache. Il me faut chasser de l'esprit tous ces souvenirs pour m'informer au plus vite et au mieux de la réalité indochinoise. Ce ne peut être une affaire de quelques minutes puisque me dit-on la base arrière du bataillon est très proche de l'aérodrome. Le capitaine Martelli qui la commande, me reçoit très amicalement et me fait visiter les lieux. Très sommaires, il est vrai, la base consiste en quelques pièces situées dans une H.L.M. de deux ou trois étages répartis entre chacune des unités du G.M.N.A., un terme auquel il va falloir m'habituer. Mais à ma question de savoir où se trouve le 4/7 et quand je le rejoindrai, ce brave capitaine observe un mutisme complet. Sans aller m'imaginer que l'on m'attendra comme le messie, je considère que ma place est au milieu de ceux qui se batte puisque c'est pour cela que j'ai fait 12.000 kilomètres. Enfin, au bout de 48 heures, le commandant de la base arrière met un terme à mon attente et m'informe que le bataillon a rejoint Da-Si, petit village à l'ouest de Hanoï, où se trouve son cantonnement. Quelle joie de retrouver enfin la belle équipe du groupement d'instruction du 7e R.T.A. de Trèves, la capitaine Biard, le lieutenant Chiaramonti, les sous-lieutenants Dufossé et Antoine (promus lieutenant depuis) et de faite la connaissance de tous les autres officiers et sous-officiers qui complètent  l'encadrement. L'accueil est des plus chaleureux mais très vite j'apprends de leur bouche les combats très meurtriers qu'ils viennent de mener contre les viets au cours de leur repli de Hoa-Binh vers le delta opération entièrement couverte par le secret, élément déterminant de sa réussite. Leur récit m'amène à m'interroger sur l'idée que je m'étais faite sur la guerre d'Indochine, mais n'entame en rien mon optimisme.

Par les généraux Good et Mary et les colonels Chiaramonti, Moreau et Antoine.

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