Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le 170e régiment d'infanterie
Adhésion à l'association des anciens du 170 RI

Adhésion 2018

Publicité
Le 170e régiment d'infanterie
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 42 892
Flag Counter
19 mars 2015

* Le cent-septante dans la grande guerre (14)

 

 

On les aura

 

            Les balles de mitrailleuses battent fréquemment les passerelles trop rares jetées sur le canal. L'ennemi nous surveille ; il s'attend à l'attaque. Aussi bien ne tardera-t-elle pas. Divers mouvements entre bataillon ou compagnies du 170e, du 174e ou du 409e la font prévoir, notre circulation étant vue des lignes ennemies.

         Le 1er bataillon du 170e (capitaine Grivas) relève en première ligne le 2e bataillon du 174e dans la nuit du 27 avril. Le bataillon de Lavergne (3e) passe en deuxième ligne à la place du 1er bataillon. Le 2e bataillon est relevé le 1er mai au soir par le 1er bataillon du 409e pour prendre vingt-quatre heures de repos à Hermonville.

          Le 3 mai, ce bataillon remonte en ligne ; tout le régiment se met en position d'assaut. C'est le 4 mai, à 6h50 (ordre du 3 mai 1917, 20 heures) que le régiment sort des tranchées. Le dispositif est le suivant :

La limite nord-ouest passe par la ligne : bastions Sébastopol, Malakoff, boyau du Gibet, points 62, 25, 65, 27, 71, 30 inclus au sous-secteur de gauche (174e R.I.). La limite sud-est suit une ligne qui part de la naissance du boyau de Berméricourt sur le canal et passe par l'intersection du boyau sans nom avec la tranchée de Blume, et par l'intersection du boyau de Pola avec la tranchée de Bukovine-Transylvanie.

          En première ligne, deux bataillons sont disposés du nord au sud. 1er bataillon (capitaine Grivaz), avec les 3e et 2e compagnies en tête, la 1ère en soutien. 2e bataillon (commandant de La Baume), avec les 7e et 6e compagnies en tête, la 5e en soutien. En deuxième ligne, le 3e bataillon (bataillon de Lavergne) en réserve sur la rive nord du canal. Le P.C. de Lamaze est transporté pour l'attaque au P.C. de Lavergne (bastion Jemmapes). Le colonel de Lamaze, commandant le sous-secteur, a encore un peloton du 123e R.I.T. chargé de la police des tranchées et de la conduite des prisonniers ; un peloton du génie de la compagnie 13/62 (capitaine Hirchener), dont une section chargée de la réfection des tranchées conquises. Une section employée à l'entretien des passerelles sur le canal ; enfin la section routière du 170e, destinée aux corvées et aux travaux de sous-secteur.

          A 6h20 environ, un avion ennemi survole nos lignes et lance des fusées ; il fait, à 6h40, déclencher un violent tir de barrage sur nos premières lignes et le canal.

         Néanmoins, à 6h50 (heure H), le régiment sort de ses tranchées avec entrain et marche sur ses objectifs. A notre gauche, le 174e R.I. ne sort que quelques minutes après l'heure H ; la liaison ne put être établie pendant le combat. A notre droite, le 363e R.I. (bataillon Martin) sort quelques minutes avant le 170e. Le détachement Sicard sort avec lui et maintient la liaison effective pendant toute l'affaire.

          Les premières vagues progressent, mais à gauche du 1er bataillon, un blockaus non détruit (64-23) prend de flanc la ligne d'assaut. A gauche également du 1er bataillon, notre 75 fait barrage sur la lisière du Champ du Seigneur au moment où la première vague a déjà pénétré dans ce bois. A la droite du 1er bataillon, les fils de fer n'ont pas été suffisamment détruits et la progression se ralentit pendant que les mitrailleuses non détruites se révèlent.

           Au deuxième bataillon, le détachement Sicard et la 6e compagnie échelonnés la droite en avant, progressent d'abord facilement, puis sont pris à partie par des mitrailleuses tirant du bois du Seigneur et de la tranchée de Transylvanie. Malgré ces tirs le détachement Sicard arrive devant son objectif (triangle Pola) en liaison avec le 363e. Le lieutenant Eudes, avec des éléments de la 6e compagnie, arrive jusqu'aux abords du boyau de Pola et s'installe dans les trous d'obus. La progression de la 7e, partie en liaison avec la 2e compagnie, se heurte dès le début aux fils de fer non détruits dans la tranchée de Blume ; obligée d'engager une lutte dans la tranchée, elle ne peut en déboucher que vingt minutes après. Cependant, elle réussit à atteindre par certains éléments la lisière du bois à la hauteur de la 2e compagnie, mais déjà il n'y a plus de liaison avec la 2e ni avec la 6e compagnie. Le bataillon n'est plus dirigé pendant une dizaine de minutes, le commandant de La Baume ayant été blessé vers 7h10, le capitaine adjudant-major Malpas tué vers 7h15. Ce n'est qu'à 7h20 que le lieutenant Jonet put être prévenu et prendre le commandement du 2e bataillon.

           Quand au 3e bataillon, il progresse sous un violent tir de barrage. Il atteint à 7h10 la lisière sud-ouest du Champ du Seigneur et commence le nettoyage des abris dépassés par le bataillon de première ligne.

          Soudain, à partir de 7h20, des contre-attaques fortement organisées et menées avec ordre débouchent du bois au nord du blockhaus 64-23 ; elles sont menées de front et de flanc. D'autres partent de la voie ferrée étroite vers 62-20. Elles agissent également de front et de flanc. Le capitaine Grivaz disparaît ; le capitaine adjudant-major de Ponchalon est tué ; L'infanterie ennemie enfin part du boyau de Pola et du Triangle.

           La ligne de combat est engagée à ce moment à réduire des nids de mitrailleuses ; des abatis et des fils de fer reliant entre eux les arbres tombés l'ont empêchée de marcher à la vitesse des tirs de barrage. Elle n'est donc  plus protègée par l'artillerie ; le brouillard et la poussière empêchent que nos artilleurs aperçoivent les fusées. L'ennemi a profité de cette situation critique pour nous assaillir par côté et par derrière avec des troupes habilement dissimulées sous bois.

          Nos soldats s'efforcent de tenir tête mais l'isolement dans le bois et la menace d'encerclement jettent le trouble dans les différents groupes qui refluent en arrière, entraînant dans leur repli jusqu'aux tranchées de départ les éléments du bataillon de Lavergne qui n'ont pas le temps de se constituer en ligne d'arrêt.

           Ce n'est que vers 8h30 que la situation se stabilise dans les tranchées de départ et dans la tranchée de Blume où nous gardons la cote 81. Des éléments, en outre, sont restés dans les trous d'obus et font face à l'ennemi avec un admirable courage ; c'est ainsi qu'une partie de la 9e compagnie, avec le lieutenant Moricet, reste jusqu'à la nuit devant la lisière sud-ouest du bois ; le lieutenant Eudes et quelques hommes de la 6e compagnie se sont maintenus devant le boyau de Pola ; Sicard, avec son détachement s'incruste devant le Triangle et ne se repliera que lorsque le 363e R.I., à sa droite aura rejoint ses tranchées de départ.

          Par l'effort de tous ces braves, la poussée allemande est arrêtée, la liaison rétablie ; le régiment se réorganise dans les positions qu'il occupe dès 8h30.

         A 23 heures, le bataillon de Lavergne et le 3e bataillon (Laugier) du 409e relèvent nos 1er et 2e bataillon qui, épuisés, redescendent le 1er au bastion Jemmapes, le 2e aux avancées de Cauroy. Le régiment avait eu, au cours de cette journée qui fut pour lui le plus malheureux de la guerre, 65 tués dont 5 officiers, 327 blessés dont 7 officiers, 148 disparus dont 6 officiers.

          En dépit de ces pertes et de la violence de la résistance ennemie aidée par la préparation défectueuse de l'attaque et la connaissance qu'eut l'ennemi de l'heure H, le régiment à conquis du terrain et fait 186 prisonniers dont un lieutenant commandant de compagnie et dix sous-officiers (90e régiment d'infanterie et 6e régiment d'infanterie de la garde). Le bataillon de Lavergne reste en ligne jusqu'au 6 mai. Le premier bataillon du 409e le remplace. Il n'y a plus qu'un bataillon en première ligne dans le sous-secteur qui reste commandé par le lieutenant-colonel de Lamaze.

          Le 9 mai, ce bataillon du 409e, renforcé par les bombardiers du 170e, attaque à son tour dans ce sous-secteur sur la tranchée Von Hoesler. Il est soutenu par notre 3e bataillon et en liaison avec les autres éléments du 409e dans le sous-secteur de gauche. L'attaque, partie à 11 heures du matin, réussit d'abord brillamment, malgré le tir très défectueux de notre artillerie. La tranchée Von Hoesler est prise, mais de violentes contre-attaques allemandes en délogent le 409e malgré une résistance qui dure jusqu'à 17 heures. En outre, il a été impossible aux réserves d'entrer utilement en ligne, l'artillerie allemande ayant dirigé sur le canal et ses abords un tir d'interdiction très dense et constant rendant presque impossible toute communication avec l'arrière et très pénible le séjour dans ces tranchées de soutien à demi éboulées.

         A la suite de cette nouvelle attaque qui n'avait donné aucun gain, le rôle du régiment se borne à occuper et réorganiser le secteur. Le 3e bataillon est en ligne, son P.C. aux carrières du Moulin de Loivre. Le 2e est en soutien, sud du boyau de Beauséjour). Le 1er bataillon est en réserve aux carrières de Marzilly. Cette situation dure jusqu'au 17 mai. Ce jour les cavaliers à pied du lieutenant-colonel Lambert, de la 6e D.C. viennent le relever.

          La relève terminée le 19, le régiment va se grouper le 20 avec le D.D. dans la zone Mareuil-le-Port, Port-à-Binson, Leuvrigny, Cerseuil , Festigny.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité