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Le 170e régiment d'infanterie
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11 juillet 2017

Le 7 en Indo (21)

7e RTA 4e baton de marche Insigne surmoulé André Mardini

         Les lundi, mardi, mercredi et jeudi sont employés à remettre l'unité sur pied. Les nouveaux renforts ont été amalgamés, les équipements revus, l'habillement remis en état, les munitions recomplétées, les "coolies" rénovés. Cela permet également aux officiers nouvellement affectés, comme le lieutenant Moreau à la tête de la 2ème compagnie et le lieutenant Mary à la 1ère compagnie de faire plus ample connaissance avec leurs cadres et avec leurs hommes. Les soirées aussi sont bien remplies, car le capitaine Biard, exigeant dans le travail et en opération, a, en grand seigneur, le secret pour obtenir de ses officiers la plus totale participation aux dégagements.

         Le vendredi 16 avril, après un repas confortable, les officiers du bataillon sont au Ritz qui vient de recevoir une nouvelle chanteuse philippine extraordinaire. "Cumba, Cumba Guiera" est très appréciée. L'ambiance est très détendue, même les taxis-girls, ce soir sont gaies et aimables.

         A 22h30, l'un des officiers resté au bataillon arrive porteur d'un pli très urgent. Le capitaine Biard lit rapidement puis nous fait signe de descendre. Le bataillon doit être prêt à partir à 2 heures. C'est aussitôt la ruée vers Da-Si, le réveil des compagnies qui encore ensommeillées, s'organisent, se rassemble. A 2 heures nous partons ; 3 kilomètres à pied et nous embarquons dans les camions. Il est 4 heures lorsque le convoi s'ébranle. Hanoï est vite traversé et nous nous retrouvons somnolents sur la R.C.1. Au petit jour arrêt brutal, nous sommes à Bac-Ninh. Aucun ordre pour l'instant : en bons militaires, tous restent dans les camions et dorment.

         Vers onze heures, les deux compagnies de tête (la 2e et la 4e) mettent pied à terre. Elles ont reçu pour mission l'ouverture de la route coloniale n° 18 où le bataillon frère le 5/7 R.T.A. tient des postes bétonnés de part et d'autres de cette route. Alors que les autres compagnies du bataillon s'installent dans les villages de Giang-Len, Loï-Than, Trung-Than et Phuong-Mao, avec le P.C. dans ce dernier village, la 2e compagnie (lieutenant Moreau) reçoit la mission de protéger le P.C. du groupe mobile. Cela n'enchante guère son commandant de compagnie car, d'après les renseignements recueillis de bonne source, une importante formation viet évoluerait dans les parages et devrait, si tout se déroule normalement tomber dans nos filets.

         Le soir réunion des commandants de compagnie au P.C. bataillon pour la péparation de l'opération "Turco" : des unités régulières du nord du delta se sont infiltrées pour aider et réorganiser les unités régionales qui se sont implantées au nord du canal des Rapides, nous dit notre chef de bataillon. "Turco doit y mettre bon ordre".

         Au cours du dîner au P.C. bataillon, après le briefing, le colonel de Castries, commandant le G.M.N.A. invité par notre chef de bataillon à cette veillée d'armes, ironise sur le manque de pugnacité des cadres pendant l'opération "Mercure" et leur reproche d'être en partie responsables de la fuite du gros des unités viets. Un tel jugement est particulièrement injuste et mal ressenti par les commandants de compagnies présents qui se sont tous illustrés sur les théâtres d'opérations européens comme en témoignent leurs croix de guerre abondamment garnies de palmes et d'étoiles. Le lieutenant Lefin, en bon breton, prend la mouche et rétorque qu'il saura jouer les voltigeurs de pointe si cela doit être considéré comme un critère dans la définition du courage. Cet incident crée un malaise que personne ne parvient à dissiper. Mais c'est là la manière du chef cavalier pour galvaniser ses cadres à la veille du grand baroud.

L'OPERATION TURCO

(19-27 avril 1952)

"Turco" la bien nommée. Un symbole ?

         C'est en effet, dans cette opération et sous ce nom prédestiné que le bataillon Biard écrit ses plus belles pages de gloire, avec pour conséquence la destruction du régiment 98, l'un de plus prestigieux régiments de l'armée du général Giap. L'opération débute le 19 avril.

         Le lieutenant Lefin me semble nerveux de matin… peut-être subodore-t-il que l'affaire va être sérieuse ? pense le lieutenant Mary qui n'a pas assisté au repas de la veille au soir au P.C. du bataillon. L'ouverture de route se fait lentement : les mines sont nombreuses. Le bataillon démarre articulé en deux colonnes : à l'ouest la 1ère compagnie suivie de la C.L.S., à l'est la 3e compagnie suivie de la 4e.

         La 1ère compagnie (lieutenant Lefin) doit dans un premier temps s'emparer de Van-Than pendant que la 3e compagnie (lieutenant Chiaramonti) s'emparera de Cau-Thon.. Ensuite la 1ère compagnie reprendra sa progression vers Mo-Dao. A 15 heures Yen-Than est occupé et aussitôt la 1ère amorce le mouvement sur Mo-Dao. La 3e a pris Cau-Thon sans difficultés. L'arrivée sur Mo-Dao est saluée de quelques coups de feu mais la 1ère compagnie occupe rapidement le village. A 16 heures, 01 est atteint par tout le bataillon. A l'est, le 2/6 R.T.M. a lui aussi atteint 01.

         Le P.C. du bataillon et la 4e compagnie (capitaine Good), en réserve, s'installent à Yen-Than et la compagnie légère de supplétifs rejoint la 1ère compagnie à Mo-Dao, bientôt renforcée par deux groupes de pionniers du bataillon. Il faut maintenant essayer de s'infiltrer, d'aller de l'avant. Le 2/6 R.T.M. reçoit la mission d'occuper Vu-Duong avec la 3e compagnie du 4/7 R.T.A. Ce village est fortifié et déjà le 2/6 a reçu plusieurs coups de feu venant des lisières. Une forte préparation d'artillerie déclenche l'action. A 18h15 Vu-Duong est occupé sans résistance. Pendant ce temps à Mo-Dao la bataille des yeux se poursuit. Les guetteurs signalent des mouvements suspects en direction de Chu-O et de Trac-Nhiet.

         Les observateurs signalent des viets en train d'organiser ces deux villages. Quelques tirs d'artillerie font cesser provisoirement ces travaux de dernières minutes. Le capitaine Biard qui dirige l'opération, et le lieutenant Duffossé, officier de renseignement, se relaient à la binoculaire pour suivre les mouvements des unités. Le lieutenant Lefin, interroge sans répit les quelques suspects ramassés dans Mo-Dao. Toujours la même réponse : "con-biet". En insistant, il finit par délier les langues : "hier encore Chu-O et Trac-Nhiet étaient sérieusement tenus". La nuit tombe, la 1ère compagnie et la compagnie légère de supplétifs restent dans Mo-Dao, la 3e dans Vu-Duong avec le 2/6 R.T.M.

Par les généraux Good et Mary et les colonels Chiaramonti, Moreau et Antoine.

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